J'ai vraiment vécu un stage passionnant à VASY ; les problèmes algorithmiques auxquels j'ai été confronté m'ont souvent plongé dans des abîmes de perplexité. Très sérieusement j'ai vraiment été enthousiasmé du niveau et de la qualité du travail qui était fait à VASY, et je regrette que le stage n'ait pas duré plus longtemps, car il y a de nombreuses choses que j'aurais voulu améliorer et apprendre au sein de l'équipe.

Je conseille vraiment a quiconque ayant envie de voir ce qu'est réellement l'informatique et ce que sont des informaticiens d'aller faire un stage à l'INRIA, même s'il ne se destine pas à la recherche. Sans compter que l'équipe est vraiment très sympathique, et toujours prête à aider et à répondre à toutes les questions.

Je considère l'année que j'ai passé au sein de Vasy, où je suis arrivé jeune diplomé de l'ENSIMAG après six mois passés dans une SSII, comme une année où j'ai énormément appris, sur le plan technique et sur le plan humain.

En entreprise, on a rarement l'occasion de profiter de l'expérience des autres dans le domaine de la programmation. La seule chose qui intéresse le chef de projet est que le programme marche correctement et, surtout, qu'il soit fini à temps.

Au sein de l'équipe Vasy, j'ai pu profiter de l'expérience de Hubert Garavel, qui relisait mon code et m'a beaucoup appris, notamment deux choses essentielles en matiere de programmation :

1. que l'informatique était une science et qu'on ne pouvait se contenter d'invoquer systématiquement un problème quelconque du système d'exploitation pour expliquer un bug aléatoire ;
2. que programmer pouvait etre aussi un art ! Imaginez-vous refléchir plusieurs jours sur la meilleure manière d'implementer un calcul de hash-code ? Avez-vous déjà entendu parler de programmes bien symétriques ? C'est une notion que l'on n'apprend ni à l'ecole, ni en entreprise.

Au-delà de la programmation, j'ai beaucoup appris sur la méthodologie de production logicielle : utilisation de gestionnaire de versions, rédaction de "release notes", etc., toutes méthodes dont je me sers aujourd'hui encore.

Après 7 années d'expériences dans diverses SSII de la région Rhône-Alpes, je comptais beaucoup sur mon passage dans le projet VASY à l'INRIA pour rebondir dans ma carrière professionnelle.

Pour de nombreuses raisons, mes espoirs sont loin d'avoir été déçus. Tout d'abord, parce que les membres du projet ont représenté un soutien technique de tous les instants et ont su allier compétence et bonne humeur.

Ensuite, parce que l'INRIA représente un cadre de travail exceptionnel permettant à chacun de s'exprimer librement et sans la contrainte du court terme trop présente dans le milieu industriel.

Enfin, mon passage au sein du projet Vasy m'a permis de me recentrer sur des fonctions plus intéressantes et d'accéder à un poste de cadre dont la technicité requise me paraissait inaccessible avant mon expérience académique.

Je suis arrivé dans l'équipe VASY en janvier 1997, un mois après avoir obtenu mon doctorat à Liège, en Belgique. Hubert Garavel, que je connaissais pour avoir collaboré avec lui dans plusieurs projets, me proposait un post-doc d'un an au sein de sa nouvelle équipe fraîchement créée à l'INRIA Rhône-Alpes: l'action VASY. J'y suis finalement resté seize mois, pour mon plus grand bonheur.

VASY se consacre à la vérification de logiciels, avec pour cheval de bataille le programme CAESAR, oeuvre d'Hubert, et la "boîte à outils" CADP qui gravite autour. Ma tâche était celle d'un consultant (lisez gourou) en vérification : vérifier, avec les outils CADP, des applications distribuées développées dans d'autres projets de l'INRIA Rhône-Alpes. L'expérience que j'ai acquise, au contact à la fois des développeurs de ces applications et des concepteurs de CAESAR, est irremplaçable.

Il y a plus d'une bonne raison d'être heureux chez VASY:

Le Décor : De mon balcon à Saint-Nazaire-les-Eymes, je pouvais voir tout Belledonne, 50km de montagnes, de Chamrousse à Allevard. Plus les falaises de Chartreuse, Dent de Crolles en tête, en me penchant un peu. Tout est dit. Pour qui aime la nature, et j'en suis, Grenoble est un paradis. Imaginez-vous, un vendredi après-midi, fin novembre, jaugeant l'enneigement des pistes de ski de Chamrousse pour le week-end par la fenêtre du bureau...

La Vie Sociale : Le "Grand Grenoble" représente un demi-million de personnes dont plus de 50.000 étudiants, et suffisament de boutiques, musées et bistroquets pour assouvir les besoins de tout citoyen normalement constitué. D'aucuns Parisiens m'ont depuis dénigré le caractère provincial-couche-tôt des Dauphinois. Je leur concède que la vie nocturne ne vaut pas celle de ma Liège natale, mais Liège est unique (bien sûr). J'ai passé d'excellents moments et gardéde nombreux amis à Grenoble.

Le Marché : Sans entrer dans les chiffres, Grenoble est un centre high-tech de premier ordre en France. Quatre universités, le CEA, le CNRS et l'INRIA, CNET, SGS-Thomson, Merlin-Gerin, Sun, Xerox, HP, Bull, j'en passe et des meilleures, tout est là pour dynamiser la recherche et faciliter les collaborations.

L'INRIA Rhône-Alpes : La recherche appliquée de pointe, mais à taille humaine. Tout le monde se connaît à Montbonnot. Quand le téléphone est en panne, on ne remplit pas une déclaration pour le service de maintenance, on passe un coup de fil à Jean-François. Cela crée un climat de recherche dynamique et enthousiaste, qui rassemble des chercheurs de tous les coins de l'hexagone et d'ailleurs. La conviviale efficacité de son directeur, Jean-Pierre Verjus, y est pour beaucoup.

VASY : VASY c'est d'abord Hubert. Il en est non seulement le responsable, mais aussi le leader et l'animateur. Hubert est un meneur pugnace et habile (ah, les réunions E-LOTOS!), mais aussi un collaborateur amical et d'une grande honnêteté. Il y avait dans la petite et cosmopolite équipe VASY (6 nationalités pour 8 personnes !) un climat de franche camaraderie. Nous avons partagé nos idées, nos repas, nos journées de ski et nos contrepèteries. Après ces seize mois passés ensemble, j'espère et je crois que VASY est promise à un bel avenir au sein de l'INRIA.

En partant de Liège, au sortir d'une thèse sur les fondements des langages de spécification, je misais sur mon séjour à l'INRIA pour prendre une orientation plus pratique. C'est en présentant mon travail de l'INRIA que j'ai obtenu mon poste actuel à la NASA. Je ne pouvais guère demander plus.

Je plane maintenant en plein rêve américain, en Californie, au coeur de la Silicon Valley, dans une entreprise unique au monde. Je vérifie des programmes qui fonctionneront sur Mars. L'expérience que je vis ici est extraordinaire. Mais un jour, je retournerai. Et quand je me demande où, deux noms s'imposent: Liège... et Grenoble.